Grâce à un appui financier de l’État et à un partenariat avec les entreprises privées, le contrat Karama offre aux primo-demandeurs d’emploi une première expérience professionnelle solide tout en réduisant les charges des employeurs.

Qu’est-ce que le programme Karama en Tunisie ?
Le programme Karama, ou « contrat-dignité », est une initiative du Ministère de la formation professionnelle et de l’emploi tunisien. Il s’adresse aux jeunes diplômés de l’enseignement supérieur à la recherche de leur premier emploi. Son objectif : faciliter leur insertion professionnelle grâce à un contrat de travail accompagné d’une formation pratique, directement adaptée aux besoins des entreprises.

Contrat Karama : qui est éligible et quelles conditions remplir ?
Pour bénéficier d’un contrat Karama (عقد الكرامة), le candidat doit remplir plusieurs critères fixés par le décret gouvernemental n°542 du 28 mai 2019 :
- Être de nationalité tunisienne.
- Être inscrit dans un bureau de l’emploi (ANETI).
- Être titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur (licence, master, diplôme équivalent).
- Avoir obtenu ce diplôme depuis au moins 2 ans (la période de référence se calcule à partir du dernier diplôme obtenu, et non du premier).
- Ne pas avoir déjà travaillé dans la même entreprise sous un autre dispositif d’emploi subventionné (ex. : SIVP). Le contrat Karama doit correspondre à un nouvel emploi.
- Ne pas avoir été déclaré à la CNSS pendant plus de 12 trimestres au total.

Beaucoup de jeunes ignorent ces subtilités, en particulier lorsqu’il s’agit du calcul des trimestres CNSS. Par exemple, un diplômé qui a travaillé après avoir obtenu sa licence et qui a été déclaré pendant quelques trimestres à la CNSS verra son calcul repartir à zéro s’il reprend ses études et décroche ensuite un master. En réalité, c’est toujours le dernier diplôme obtenu qui sert de référence pour déterminer l’éligibilité.
👉Pour tout savoir sur la manière de vérifier si votre employeur vous déclare à la CNSS, nous vous invitons à consulter notre article dédié.
Pour recruter via le programme Karama, les entreprises doivent répondre à certaines règles, qui varient selon leur ancienneté :
🔹 Entreprises de plus de 3 ans d’activité
- Être en règle avec la fiscalité et la CNSS.
- Le nombre de bénéficiaires Karama dépend de l’effectif déjà déclaré :
- 3 salariés déclarés = 1 bénéficiaire Karama,
- 4 salariés déclarés = 2 bénéficiaires,
- et ainsi de suite, dans la limite de 50 % de l’effectif total (avec un nombre toujours pair).
🔹 Entreprises récentes (moins de 3 ans d’activité)
Elles peuvent recruter jusqu’à 3 bénéficiaires Karama dès le démarrage, même sans salariés déclarés. Ensuite, le quota évolue progressivement :
- 1 salarié déclaré = +1 bénéficiaire,
- 2 salariés = +1 bénéficiaire,
- 4 salariés = +2 bénéficiaires, etc.
👉 Ce système cherche à trouver un équilibre : encourager l’embauche de jeunes diplômés tout en garantissant la stabilité de l’entreprise.
Procédure de recrutement et validation du contrat Karama en Tunisie (ANETI et entreprises)
Le recrutement via le contrat Karama suit un parcours bien défini :
- Inscription du candidat : le jeune doit être enregistré auprès de son bureau ANETI.
- Mise en relation : il consulte les offres Karama publiées ou peut être directement contacté par une entreprise.
- Entretien & proposition : si le profil correspond, l’entreprise propose un contrat Karama (CDD d’au moins 1 an ou CDI).
- Constitution du dossier : l’entreprise dépose le dossier complet au bureau de l’ANETI.
- Examen du dossier : une commission consultative régionale analyse la demande.
- Décision officielle : le directeur régional de l’emploi valide ou refuse (avec motivation).
- Notification : l’entreprise reçoit la réponse (acceptation ou refus).
- Versement des aides : en cas d’accord, les subventions sont versées une fois le contrat signé et le salarié déclaré à la CNSS.
Quels sont les avantages et la durée du contrat ?
Le programme repose sur un principe de partenariat entre l’État et l’entreprise, pour faciliter l’intégration des jeunes diplômés dans le monde du travail. Concrètement, l’entreprise prend en charge une partie du salaire. Le fonds national de l’emploi (FNE) contribue avec une aide fixe de 600 dinars par mois, versée directement pendant toute la durée de l’appui.
Le contrat est conclu pour 1 an, renouvelable une seule fois. Après 2 ans, l’entreprise a l’obligation d’intégrer définitivement le salarié. L’aide publique est limitée à 24 mois maximum : au-delà, le contrat peut continuer (CDI, par exemple), mais l’employeur assume alors l’intégralité du salaire et des charges sociales.
👉 Grâce à ce mécanisme, le jeune diplômé bénéficie d’une première expérience solide, et l’entreprise réduit ses coûts de recrutement. C’est un coup de pouce réciproque, pensé pour transformer une première chance en emploi durable.
Programme Karama : CDI, CDD et opportunités pour les jeunes diplômés
Le contrat Karama peut être signé en CDD ou en CDI, selon les besoins de l’entreprise. Le contrat initial doit durer au minimum 12 mois. Il peut ensuite être renouvelé ou transformé en CDI. Dans la pratique, on observe souvent une durée de 2 ans, qui correspond à la période couverte par l’aide financière du fonds national de l’emploi (FNE).
Aides financières et avantages fiscaux du contrat
Le programme Al Karama propose des avantages financiers importants pour encourager le recrutement des jeunes diplômés :
- Pour l’employeur :
- Prise en charge par le FNE de 50 % du salaire du jeune (plafonné à 400 DT/mois) pendant 24 mois.
- Paiement par le FNE de la totalité de la cotisation patronale CNSS (plafonnée à 600 DT/mois) pendant 2 ans.
→ Résultat : un coût de recrutement fortement réduit pour l’entreprise.
- Pour le salarié :
- Le FNE couvre également la part salariale des cotisations CNSS (plafonnée à 600 DT/mois) pendant 2 ans.
- L’entreprise garantit un salaire minimum de 600 DT brut/mois.
- Les 400 premiers dinars perçus sont exonérés d’IRPP (impôt sur le revenu).
Le Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi et l’ANETI (Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant), qui assure le traitement des dossiers et le versement des subventions.
Quelle est la différence entre le contrat CIVP et le contrat Karama en Tunisie ?
Critères | Contrat Karama | Contrat CIVP |
---|---|---|
Public cible | Diplômés de l’enseignement supérieur au chômage depuis au moins 2 ans | Tous les jeunes diplômés primo-chercheurs d’emploi, sans condition de durée de chômage |
Durée du contrat | 1 an renouvelable 1 fois (max. 2 ans) | 1 an non renouvelable dans la même entreprise (nouvelle réglementation du 1ᵉʳ octobre 2025), avec un maximum de 2 ans. |
Salaire minimum garanti | 600 DT brut/mois (dont une partie subventionnée) | Salaire fixé par l’entreprise + bourse mensuelle de l’État |
Aide de l’État | – Prise en charge de 50 % du salaire (plafond 400 DT/mois)- Prise en charge CNSS part patronale et salariale (plafond 600 DT/mois) | – Bourse versée directement au diplômé (ex. 200 DT/mois)- Pas de remboursement partiel de salaire à l’employeur |
Avantages pour l’employeur | Réduction importante des charges sociales et salariales | Moins avantageux pour l’entreprise, car l’aide est orientée vers le salarié |
Objectif principal | Encourager l’embauche durable en réduisant le coût du recrutement pour les entreprises | Soutenir directement le pouvoir d’achat du jeune diplômé en début de carrière |
Un tremplin vers l’emploi durable
Le contrat Karama représente bien plus qu’une simple aide : c’est une véritable passerelle entre les études et le marché du travail. Il offre aux jeunes diplômés une première opportunité professionnelle tout en allégeant le coût du recrutement pour les entreprises.
FAQ
Comment savoir si ma candidature au programme Karama est acceptée ?
Toute demande conforme est généralement validée. Après dépôt du dossier, l’ANETI informe directement l’employeur de la décision, par courrier ou via sa plateforme en ligne.
Que se passe-t-il si le jeune diplômé démissionne ?
En cas de démission, le contrat Karama prend fin immédiatement. Le diplômé devra attendre une nouvelle opportunité pour relancer la procédure avec un autre employeur.
Que se passe-t-il si l’entreprise licencie avant la fin du contrat Karama ?
Lorsqu’un licenciement survient, les aides cessent pour l’entreprise, mais le diplômé reste éligible et peut signer un nouveau contrat Karama avec un autre employeur.
Que se passe-t-il si le jeune obtient un nouveau diplôme pendant son contrat Karama ?
Le contrat Karama en cours continue normalement, mais pour un futur contrat, l’éligibilité sera recalculée à partir du dernier diplôme obtenu.